Encore un jour où : je m’achète un vélo.

Encore une mauvaise idée de base ça.

J’en prends un parce que les vingt minutes de trajet aller/ retour pour me rendre au boulot me gonflent.

Mais bon, vu que je n’ai plus de boulot, je vais l’utiliser pour aller à Pôle Emploi.

C’est bien aussi.

Je cherche sur Le Bon Coin pendant au moins plus d’une journée. Ce qui m’épuise au plus haut point.

Chercher ce n’est pas mon truc.

Attendre non plus.

Alors attendre la bonne affaire et chercher une meilleur affaire que la bonne affaire, c’est le suicide assuré, vous pouvez en être certain.

Je trouve enfin ma monture auprès d’une gentille dame.

Le vélo est un peu moisi mais il a des roues. Ce qui reste pratique pour un vélo, vous en conviendrez.

Je décide après une conversation avec Jojo, de l’appeler Shrek. Parce que comme lui, c’est un garçon, qu’il est moche et qu’il fait peur. Mais on l’aime bien quand même.

J’enfourche mon véhicule.

AH PUTAIN BORDEL DE MERDE ! J’AI PEUR DE FAIRE DU VÉLO EN VILLE !

Ça s'annonce épique

Je regarde à droite et à gauche, je freine quand une voiture me passe devant sans que je perde l’équilibre.

A ce moment, je suis fière de moi.

Pas parce que je suis débile et adepte de l’autosatisfaction sans raison valable, mais parce que je ne suis pas très douée. Que ce soit sur deux roues ou sur deux jambes. Les lois de l’attraction terrestre semblent, à certains moments, s’acharnées sur moi. Certaines chutes dont je n’ai pas su expliquer la provenance en sont la preuve.

Première obstacle franchit.

Un second ne tarde pas à pointer le bout de son nez : une côte.

AH PUTAIN BORDEL DE MERDE ! MAIS POURQUOI J’AI ACHETER CET ENGIN DE MALHEURS ?

Mes muscles n’ont pas l’habitude. Ils se rappellent à moi en criant qu’ils n’ont jamais servis, ou qu’ils n’ont quasiment jamais été utilisés.

SILENCE !

PÉDALEZ BANDE DE FEIGNASSES !

Un troisième obstacle se dresse alors que je ne m’y attendais absolument pas : des bosses, des trous, des nids de poules, des trottoirs etc.

Alors, je pensais que Jean-Yves ne risquait rien sur une selle (Jean-Yves est mon cul, pour ceux qui ne seraient pas au courant). C’est quand même beaucoup plus sûr que le porte-bagages de Paulette (cf blablabike).

Que nenni.

J’ai acheté le vélo qui a la selle la plus inconfortable du monde.

Elle est toute dure et étroite (je vous saurais gré de ne pas faire la corrélation avec autre chose de dure et d’étroit, bande de pervers).

Reprennons plus sérieusement.

Que nenni.

Shrek tabasse Jean-Yves sans retenu aucune.

AH PUTAIN BORDEL DE MERDE ! MAIS QU’A DONC FAIT JEAN-YVES DE SI AFFREUX POUR QU’ON S’EN PRENNE CONSTAMMENT A LUI ?

Le pauvre.

Je résiste, je prouve que j’existe, et je continue mon chemin.

Un quatrième obstacle arrive : mon vélo déraille au moment où je passe une vitesse.

PUTAIN BORDEL DE MERDE ! JE N’AI CE VELO QUE DEPUIS QUINZE MINUTES ET JE LE CASSE DEJA !

Me voilà en train de marcher à coté de mon destrier qui est déjà sur les rotules.

Et ceci comme une conne...

Ce n’est pas grave, Paulette me remet la chaîne.

C’est pratique une paulette, il n'y a pas à dire.

Le lendemain, je remonte sur Shrek. Et ce malgré les plaintes de Jean-Yves.

SILENCE!

EN AVANT FILLETTE!

Tout se passe bien jusqu’au moment où j’arrive cours Victor Hugo : une voiture de flic me coupe la priorité.

OH PUTAIN BORDEL DE MERDE!

Et en plus, le policier au volant manque de me renverser.

OH PUTAIN BORDEL DE MERDE!

Et en plus, le policier au volant gueule.

OH PUTAIN BORDEL DE MERDE !

Et en plus le policier au volant fait le grand seigneur en me faisant un signe pour que je passe.

OH PUTAIN BORDEL DE MERDE !

Et en plus, le policier au volant continue de pester quand je passe.

OH PUTAIN BORDEL DE MERDE !

Et en plus, le policier au volant démarre juste après et manque de me faucher la roue arrière.

OH PUTAIN BORDEL DE MERDE !

Evelyne m’avait dit de faire attention à ne pas freiner sur les graviers, mais pas de me méfier des voitures de police.

Elle ne me donne que la moitié des informations aussi.

Donc, en partant de ce principe, je suppose que je dois faire attention à toute sorte de voitures, aux bus, aux autres vélos, aux chiens, aux pigeons, aux aveugles même si on va par-là !

Je ne suis pas un poisson, je n'ai pas les yeux sur le coté merde!

Bon très bien, je vais faire attention.

Mais le même jour, je me rends à une soirée avec Paulette.

On y va toutes les deux à vélo.

Elle est toute contente.

Je pense que cette joie est le résultat d’un rêve, oui un rêve je n’exagère pas.

Il se réalise pour elle: nous deux, sur nos petits vélos, papotant et rigolant, bourrasques de vent dans les cheveux, pluie dans les yeux et pots d’échappement dans le nez.

A moins que ce ne soit la perspective de ne pas avoir à me ramener sur son porte-bagages qui l’enchante.

Je suppose que la seconde hypothèse est la plus probable

Bref on roule tout en cherchant un endroit pour attacher Tornado et Shrek.

Une piétonne devant moi, (vous remarquerez que je ne rajoute pas « connasse » devant le mot piétonne, je fais un effort), marche tranquillement. Je la double par la droite, et elle, se déporte sur cette même droite.

AH PUTAIN BORDEL DE MERDE ! MAIS QU’EST CE QU’ELLE FAIT CELLE-LA ?

Du coup, je me débrouille comme je peux pour ne pas tomber.Et pour ne pas la percuter du même coup.

Mais pour se faire, je rabote toutes les lumières arrière des vélos garés sur la station Vcub. Station qui se trouvait justement sur cette fameuse droite.

AH PUTAIN BORDEL DE MERDE ! MAIS FOUS LE CAMP DE MON CHEMIN CONNASSE !

Aaaaaaaaaaaah ! Ça fait du bien de le dire ! C'est limite orgasmique...

Pas de commentaire, merci!

Et bien évidement de son côté, Paulette est morte de rire et me sort : « mais Bobby, qu’est-ce que tu fais ? » ;

J'ai envie de lui répondre: « J’FAIS DES CRÊPES, CA S'VOIT PAS ??? »

Mais je me retiens, ce n’est pas le moment d’être susceptible.

Et pis ça me fait rire aussi.

Un autre soir encore je vis un autre moment de solitude: alors que je ne suis pas encore très assurée dessus, je décide de rouler avec Shrek alors que j'ai bu un coup.

Mauvaise idée.

Mais alors très mauvaise idée.

Parce qu'en plus de rouler en zigzag, mes lentilles déconnent.

Résultat je ne vois rien. En particulier les trous qui jonchent la petite rue que je prends.

Donc pour la deuxième fois de ma vie je remarque que je ne remarque rien (cf Vodka)

Résultat: Jean-Yves en prend une pour dix ans. Encore (cf: blabla bike)

Bien sûr, je perds l'équilibre.

Heureusement qu'une innocente et solide Peugeot 205 était là pour me rattraper.

Qu'on ne me dise pas après ça que les allemandes sont plus sûres hein!

Divagation patriotiques mal placées, déso (déso pour désoler, gagnons du temps).

Reprenons.

Donc, je me vautre, ceci sous les yeux d'une demoiselle qui se fout gentiment de ma gueule en passant à côté de moi.

Connasse toi aussi va! (cf un peu plus haut dans l'histoire.)

Bref, je sens que ce vélo va être le témoin, et l’auteur surtout, de nombreux déboires.

Moralité : Shrek va me tuer. Je devrais peut-être le rebaptiser Omar.

Signé : le collectif des culs douloureux

Pareil mais sur un vélo! Et en français, pas en russe ou chinois ou polonais ouvroir autre langue que je ne comprends pas! Mais les AAAAAAAAAAAH sont identiques!

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